La géographie ça sert, d'abord, à faire la guerre.

(Yves Lacoste - 1976 - François Maspero - Paris)

Il y a deux sortes de géographie : celle des états-majors et celle des professeurs. La fonction guerrière de la première est évidente ; la fonction de la seconde est moins claire et, pour tout dire, on ne lui voit pas de fonction. C'est ici précisément qu'intervient Yves Lacoste. D'après lui, si on ne voit pas de côté pratique à la géographie, si elle est endormante et s'endort, c'est que le pouvoir a toujours voulu "masquer l'enjeu politique de toutce qui a trait à l'espace". Cet enjeu est considérable, le contrôle de l'espace et de son organisation étant une donnée essentielle de notre société. Pour preuve l'intérêt que lui portant les urbanistes, écologistes, sociologues ou économistes. Si elle ne veut pas voir ses recherches détournées, la géographie doit donc se réveiller, réfléchir sur elle-même et les géographes doivent polémiquer.

L'homme et la terre.

(Eric Dardel - 1990 - CTHS - Paris)

"L'homme et la terre date de 1952. Ignorées alors, sauf de quelques uns, ces pages retrouvent, quarante années après, une surprenante actualité. Le livre, en avance sur le mouvement de la géographie, présente un des courants de pensée novateurs de la géographie contempraine, celui de la phénoménologie, des perceptions et des représentations par les hommes de leur environnement terrestre. Au lecteur de mesurer la richesse de cette philosophie géographique, de découvrir à la suite d'Eric Dardel, que la géographie est le "moyen par lequel l'homme réalise son existence en tant que la Terre est une possibilité essentielle de son destin", qu'elle renouvelle le regard humain sur les signes dont la Terre est porteuse, leurs sens et leurs valeurs." (Philippe Pinchemel)

Les hommes sur la terre (la géographie en mouvement).

(Pierre George - 1989 - Seghers - Paris)

Deux millénaires ne sont qu'un bref épisode de l'histoire déjà longue de l'humanité, un instant dans l'évolution cosmique, une période riche en transformations des formes d'existence sinon des mentalités. C'est déjà du passé par rapport à l'accélération présente des techniques et des formes de communication, des remodelages des entités politiques et des représentations de l'univers.

Le patrimoine sur lequel nous vivons est dont, consciemment ou non, nous entamons les réserves et compromettons les équilibres procède à la fois du passé géologique et des effets à plus ou moins long terme de l'invention et de la créativité humaines. Le rôle de la géographie est de rassembler, en un faisceau d'images dynamiques, les données du temps cosmique et les bilans des dernières initiatives projetées sur la quotidienneté de l'usage de l'espace terrestre dans ses trois dimensions. Son but n'est autre que d'éclairer la réalité, la fragilité de notre cadre de vie, la diversité des comportements des collectivités humaines dans le milieu qui leur est imparti : science politique dans la mesure où elle fournit les éléments de choix politiques et fixe les limites du possible et de l'impossible en un moment donné.

Le cheminement entre les témoins du temps, la diversité des "valeurs" de l'espace face aux techniques mobilisatrices, l'analyse des effets du passage des hommes du cadre terrien à l'univers urbain... est semé d'obstacles. La ligne de la géographie n'est pas simple, et c'est sans doute pourquoi elle est souvent remise en question ; les méthodes varient suivant les intentions et les ressources offertes par les techniques d'approche, mais le but final est toujours le même : la petite lueur qui éclaire l'humanité sur l'univers où elle est de passage. 

Tableau de la géographie de la France.

(Paul Vidal de La Blache - 1994 - La Table Ronde - Paris)

Voici le livre fondateur de la géographie moderne française. Il constitue le volumpe liminaire de la célèbre Histoire de France, d'Ernest Lavisse, en vingt-huit volumes.

Comment fut réalisée et maintenue l'harmonie entre un territoire diversifié et les aventures d'une nation aux sources multiples ? Paul Vidal de La Blache invoque la géographie dans ses responsabilités et son intégration au sein de l'histoire.

Conçu comme une promenade dans nos provinces, le tableau de Vidal de La Blache est l'un des plus beaux livres jamais écrits sur la France.

Le métier de géographe (un demi-siècle de géographie).

(Pierre George - 1990 -Armand Colin - Paris)

Au moment où sont bouleversés les équilibres territoriaux et les rapports de force, où la poussée démographique des "jeunes nations" compromet la tranquillité des économies vieillissantes, la géographie est menacée par le vertige de la géopolitique ou tentée par le repli prudent derrière l'écran de spécialisations expérimentant des techniques nouvelles.

Pas de démarche assurée vers un futur incertain sans un bilan préalable des acquis, une critique des méthodes et une redéfinition des objectifs.

Plutôt qu'un ouvrage didactique, le présent recueil est un éphéméride du trajet d'un géographe au cours d'une période qui va du "temps des acquis" du début du siècle aux interrogations du présent. Successivement, des images de paysages que l'on croyait immuables, le délire des chantiers de l'après-guerre, ouverts sur divers continents, et, devant l'aventure, le questionnement à l'égard des méthodes, des ouvertures des autres sciences humaines, le positionnement dans l'histoire, la continuelle interrogation sur les rapports entre le "temps long" et le présent qui se dérobe. Une esquisse de programme de réflexion sinon de recherche... pour que d'autres le suivent ou le remettent en cause. "Toujours sur le métier remettez votre ouvrage..." Et, ici, il s'agit du métier de géographe.

Histoire de la Géographie française de 1870 à nos jours.

(Paul Claval - 1998 - Nathan Université - Paris)

La Géographie française ? Une discipline vénérable et bien ancrée dans sa mission pédagogique depuis un siècle : faire connaître et aimer la Francve dans sa diversité, révéler dès l'enfance la prodigieuse diversité des pays et des peuples.

Les maîtres de l'école de géographie française, à la suite de Paul Vidal de La Blache, développent un art reconnu de la description des facettes du monde à toutes les échelles. La révolution industrielle ne touche longtemps que quelques pays, quelques régions. C'est la permanence des peuples, des territoires qu'ils occupent et des genres de vie qu'ils mènent qui s'impose à l'esprit. L'histoire longue de cette mise en place et quelques aperçus sur les changements contemporains suffisent à faire comprendre les réalités géographiques. La révolution contemporaine des techniques, mais aussi des mentalités, bouscule les habitudes et les certitudes. La croissance de l'après-guerre nourrit des espoirs démesurés.

L'arsenal des méthodes d'observation de la Terre et de traitement des données est sans commune mesure avec celui dont disposait la génération d'avant-guerre. le monde est-il mieux compris ? Les sciences naturelles, la science économique, les sciences et idéologies sociales et politiques apportent des réponses qui, aujourd'hui, paraissent insuffisantes. Les approches culturelles permettent de mieux comprendre le paradoxe d'un monde unifié par les échanges universels de biens et d'informations, et l'effort désespéré et souvent sanglant des groupes qui cherchent à faire triompher leurs différences. La géographie tente aujourd'hui d'éviter les pièges des points de vue naturalistes ou des positions positivistes qui l'avaient longtemps dominée. Ce livre retrace l'histoire de la discipline, de ses interrogations, de ses crises aussi, et de son enrichissement au cours d'un siècle troublé.

Hommage

Pierre Gourou est mort le 13 mai dernier à l'âge de 98 ans. Professeur au Collège de France entre 1947 et 1970, il a été le grand spécialiste de la géographie tropicale, notamment grâce à ses recherches menées en Indochine.

Pourfendeur des stéréotypes touchant le monde tropical, il fournit avec Terres de bonne espérance, le monde tropical (Plon), en 1982, un magnifique hommage à ces terres décriées et délaissées.

Son dernier ouvrage est un vibrant plaidoyer pour l'Afrique (L'Afrique tropicale, nain ou géant agricole, 1991, Flammarion) tropicale dont il énumère les nombreuses qualités et le potentiel de développement.

Bibliographie

- Les paysans du Delta tonkinois, étude de géographie humaine (thèse principale), Publications de l'Ecole française d'Extrême-Orient, Paris, Editions d'Art et d'Histoire, 1936, 666 p.

- Esquisse d'une étude de l'habitation annamite en Annam (thèse secondaire), Publications de l'E.F.E.O., Paris, Ed. d'Art et d'Histoire, 1936, 82 p.

- L'Utilisation du sol en Indochine française (Paris, Centre d'études de Politique étrangère, 1940, 466 p.)

- La terre et l'homme en Extrême-Orient (Paris, Collection A. Colin, 1941, 224 p.

- Gallieni, in "Les techniciens de la colonisation", p.p. 93-III (Paris, les Presses Universitaires, 1946)